Actuellement :1. Grille horaire et recrutementL'enseignement du Latin et du Grec est présent dans les grilles horaires actuelles du Collège à hauteur de :
Ces enseignements sont facultatifs : seuls les élèves volontaires s'y inscrivent.
Les élèves suivant ces enseignements ne sont pas regroupés dans une classe de latinistes ou d'hellénistes, mais répartis sur plusieurs classes : ce ne sont donc pas des options ségrégatives.
2. Les effectifs et leur évolutionHistoriquement le nombre de latinistes en France a connu une évolution constante, augmentant en proportion de la démocratisation scolaire : en quatrième, les latinistes étaient en France 10 000 en 1920, 100 000 en 1965, 160 000 en 2004, 170 000 aujourd’hui. (Source : L'enseignement des langues et cultures de l'antiquité dans le second degré - Rapport de l'Inspection générale de l'éducation nationale " n° 2011-098 août 2011)
A la rentrée 2013, 534 457 élèves suivaient un enseignement de Latin ou de Grec dans le second degré en France. Ainsi on notera qu'à l'heure actuelle 23% des élèves de cinquième reçoivent un enseignement de Latin. (Source : L'enseignement des langues et cultures de l'antiquité dans le second degré - Rapport de l'Inspection générale de l'éducation nationale " n° 2011-098 août 2011) Les effectifs sont en constante progression, en particulier dans des académies "sensibles" comme celle de Créteil. C'est ce que montre clairement le rapport de l'Inspection Générale de l’Éducation Nationale consacré à l'enseignement des Langues Anciennes dans le second degré :
Ce succès grandissant est expliqué ainsi par l'inspection générale : "Dans ces établissements classés en ZEP, l’enseignement du latin et du grec est ainsi une des réponses possibles pour donner plus à des élèves qui sont de bonne volonté et ont le désir d’apprendre et de réussir, mais qui, trop souvent, disent les enseignants et les élèves eux-mêmes, sont laissés sur le chemin. Dans des collèges de zone défavorisée, des élèves évoquent la satisfaction qu’ils ont de pouvoir partager avec leurs parents, qui ne les ont pas connus, les apports culturels des enseignements de langues et cultures de l’Antiquité." La seule limite à l'inscription d'un élève en cours de Latin peut être, localement, le refus de certains rectorats d'autoriser l'ouverture d'un second groupe de Latin dans un collège sur un niveau donné même s'il y a suffisamment d'élèves volontaires pour suivre cet enseignement. 3. Contenus et programmesLes contenus de ces enseignements sont définis dans les programmes officiels de l’Éducation Nationale : ils représentent plusieurs dizaines de pages. Pour prendre connaissance des programmes actuels en Langues Anciennes : http://eduscol.education.fr/cid52757/langues-et-cultures-de-l-antiquite.html Ces enseignements associent apprentissages linguistiques et culturels : on apprend une langue, mais aussi la culture, l'histoire de ceux qui la parlaient. Ils sont
aussi l'occasion d'un aller-retour entre la langue ancienne et la langue
française, pour en éclairer l'étymologie, la syntaxe, etc. et entre
l'Antiquité et notre époque, pour en éclairer différents aspects, mettre
en lumière différents héritages communs. 4. Importance de cet enseignementL'importance cruciale de cet enseignement pour notre société est clairement soulignée par les Inspecteurs Généraux de l’Éducation Nationale dans le rapport de 2011 précédemment cité : l'idée même d' "une décision de suppression radicale des enseignements de langues et cultures de l’Antiquité" leur paraît "impensable" : " Une décision de suppression [de l'enseignement des Langues Anciennes] paraît encore plus impensable : pareille mesure, surtout dans la période actuelle, ne resterait pas sans effets sur le pays. Les conséquences prévisibles en seraient à la fois culturelles à long terme (ce serait consommer la rupture avec nos origines culturelles) et à court terme, politiques. Le coût social, politique et budgétaire d’une mesure de suppression programmée serait assurément important, puisqu’elle impliquerait tant dans l’enseignement secondaire qu’à l’université des mises à la retraite anticipée, des plans de reconversion, un repositionnement institutionnel de l’ENS Ulm, de l’École des Chartes, de l’Institut français d’Athènes et de l’École française de Rome. La nécessité d’accompagner pareille décision d’un discours politique ne pourrait que rallumer des guerres de religion." "Comment l’école pourrait-elle prétendre enseigner les valeurs humanistes si dans le même temps elle renonce à pratiquer les disciplines fondatrices de l’humanisme ? Le rôle de l’école n’est-il pas d’apprendre aux élèves à se situer par rapport aux évolutions sociales autant que de les y adapter ? La crise des humanités met en évidence les limites des stratégies adoptées depuis 1968 et celles des modèles successivement retenus pour réformer notre système éducatif." (Source : L'enseignement des langues et cultures de l'antiquité dans le second degré - Rapport de l'Inspection générale de l'éducation nationale " n° 2011-098 août 2011) Et pourtant... Avec la réforme :1. Plus d'horaire dédié ni de programmeLe principe même d'option "en plus" disparaît dans la réforme du Collège 2016. Les nouvelles grilles horaires du décret ne font plus apparaître d'horaire pour le Latin et le Grec : ces enseignements ont disparu comme disciplines à part entière. Les projets de programme ne comportent plus de rubrique dédiée aux Langues Anciennes :
Mais ces mentions éparpillées au fil des programmes ou des "croisements entre enseignements" possibles (donc pas obligatoires !) ne constituent pas, loin s'en faut, un programme cohérent, progressif, logique et pensé.
Pour en savoir plus, voir Les nouveaux programmes de Langues et Cultures de l'Antiquité
Le Nouveau Socle Commun de Connaissances, de Compétences et de Culture ne mentionne pas non plus les Langues Anciennes. En pratique, les options Latin et Grec disparaissent. A leur place un Enseignement Pratique Interdisciplinaire (EPI) voit le jour, auquel peut s'ajouter localement un "Enseignement de complément". 2. L'EPI "Langues et Cultures de l'Antiquité"Parmi les Enseignements Complémentaires mis en place au cycle 4, on trouve, dans la liste des 8 thèmes d’Enseignements Pratiques Interdisciplinaires (EPI), un EPI intitulé : "Langues et Cultures de l’Antiquité ". Le principe des EPI, décrit dans l'Arrêté présenté au CSE le 10 avril 2015, est le suivant : "Les Enseignements Pratiques Interdisciplinaires permettent
Pour consulter l'Arrêté : Décret & Arrêté NB : Les heures d'EPI ne sont pas de heures en plus des heures d'enseignement des disciplines, mais des heures qui sont prélevées sur les heures d'enseignement des disciplines impliquées dans le projet traité dans l'EPI. Mme Vallaud-Belkacem, Ministre de l’Éducation Nationale, explique elle-même à la Commission des affaires culturelles et de l'éducation à l'Assemblée nationale le 24 mars 2015 le choix de créer cet EPI-LCA : "C’est exactement à cela que sert le format enseignement pratique
interdisciplinaire. C’est pouvoir aborder au-delà de la langue, mais la
langue sera préservée évidemment et aura un temps. C’est pouvoir aborder
l’Histoire, la civilisation, la culture. Donc avec cet enseignement
pratique interdisciplinaire Langues et Culture de l’Antiquité, je vous
confirme qu’il y aura le même nombre d’heures qu’aujourd’hui, avec des
heures pour l’étude de la culture et de la civilisation et des heures
pour l’étude de la langue. Donc les élèves n’y perdent rien." L'enseignement du Latin et du Grec prend donc dorénavant place dans le cadre d'un EPI.
Mais en pratique, cet EPI ne permettra pas d'enseigner les Langues et Cultures de l'Antiquité :
Un peu d'étymologie, quelques mythes, voilà à quoi cet EPI risque de devoir se limiter, s'il est mis en place. La mise en pratique elle-même de cet EPI est compliquée et problématique, puisque devant retirer une heure d'enseignement à une autre matière et ayant vocation à être proposé à "100% des collégiens". (source : interview de Mme Vallaud-Belkacem, Ministre de l’Éducation Nationale, à Jean-Jacques Bourdin sur RMC/BFM-TV le 13 avril 2015 : http://www.bfmtv.com/mediaplayer/video/najat-vallaud-belkacem-le-latin-et-le-grec-vont-etre-renforces-au-college-497105.html ) Pour mieux comprendre, prenons l'exemple d'un collège lambda ayant 4 classes de 5e.
Et nous ne parlons dans notre exemple que d'une heure durant un trimestre en 5e, alors que les élèves actuels suivent toute l'année deux heures hebdomadaires de Latin, et les élèves de 4e et 3e respectivement 3 heures de Latin et/ou 3 heures de Grec en 3e. Or Mme la Ministre a affirmé à la commission de l'Assemblée nationale qu'il y aurait le même nombre d'heures qu'aujourd'hui et que les élèves n'y perdraient rien ( voir op. cité) : il apparaît très clairement que le compte est loin d'y être, sauf à prévoir un statut particulier dérogatoire à cet EPI, et à lui adjoindre un complément horaire optionnel. 3. Un EPI dérogatoire ?Ces nouvelles dispositions de l'enseignement des Langues Anciennes - plus d'horaire ni programme dédié, EPI - ont suscité beaucoup de protestations, et de nombreux médias ont relayé l'inquiétude qu'elles suscitaient. C'est dans ce contexte que Florence Robine, la
Directrice générale de l'enseignement scolaire et numéro 2 du Ministère
de Éducation nationale, a déclaré au journal L'Express : "Le
latin ne sera plus une option proposée en plus des autres matières, mais
l'un des nouveaux Enseignements pratiques transdisciplinaires (EPI).
Mais un EPI un peu différent des autres car dérogatoire : contrairement
aux autres EPI, l'EPI 'Langues et civilisations [sic] de l'Antiquité' pourra
être suivi tout au long de l'année, et même jusqu'à la fin du collège,
pour les élèves qui le souhaitent." Cependant, on ne trouve aucune trace de cette disposition ni dans le Décret ni dans l'Arrêté remis au CSE. Que faut-il en conclure : oubli, effet d'annonce, ou changement de décision en cours de route ?
Seule la FAQ mise en ligne par le Ministère l'évoque : "Tous les élèves pourront profiter d'un EPI portant sur les langues et cultures de l'antiquité, une ou plusieurs fois au cours de leur scolarité, et, ainsi, accéder à des apports culturels essentiels à notre civilisation." Et
l'on comprend bien que, même s'il était mis en place, un tel dispositif dérogatoire entraînerait
nécessairement la perte d'une heure de Français, et non plus sur un
trimestre comme dans notre exemple, mais sur toute une année, voire sur tout le cycle 4. Un élève
qui choisirait donc de suivre cet EPI dérogatoire de façon continue de la
5e à la 3e aurait ainsi 108 heures de Français en moins dans sa
scolarité. Mais en admettant que certains, malgré tout, le suivent continûment, on pourrait alors retrouver dans cet EPI des élèves l'ayant suivi depuis plusieurs trimestres, voire depuis plusieurs années, et des élèves qui choisiraient de le suivre ponctuellement sur un trimestre, de l'abandonner, puis de le reprendre, et ce à n'importe quel niveau. L'idée même d'une progression des apprentissages devient alors très problématique, pour ne pas dire impossible. On notera enfin que la mise en œuvre même de cet EPI, si l'on se réfère au Décret, ne sera pas obligatoire, mais un choix de l'établissement. Il en résulte logiquement que deux EPI peuvent donc ne pas être mis en place dans un établissement. Ceci contribuera à creuser encore les inégalités entre territoires et établissements, et ce au détriment des élèves les plus défavorisés. 4. La possibilité d'un "enseignement de complément" aux EPIA côté de l'EPI "Langues et Cultures de l'Antiquité", l'article 7 de l'Arrêté prévoit pour les établissements la possibilité de mettre en place un enseignement de complément pour "proposer, pour les élèves volontaires, un enseignement de complément aux enseignements pratiques interdisciplinaires prévus à l’article 3, qui porte sur un enseignement de langues et cultures de l’antiquité ou sur un enseignement de langue et culture régionales. Cet enseignement peut être suivi au cours des trois années du cycle 4, dans la limite d’une heure hebdomadaire en classe de cinquième et de deux heures hebdomadaires pour les classes de quatrième et de troisième." Il sera donc possible de proposer une option Latin ou Grec aux élèves volontaires : surprenant retour à l'existence d'un enseignement optionnel dont on nous a pourtant expliqué à l'envi qu'il était élitiste et ségrégatif, et devait, de ce fait, être éradiqué. On notera tout de même que cet enseignement de complément parle d'un horaire plafond ("dans la limite de") et non d'un horaire plancher, comme c'est le cas actuellement : il s'agit donc du nombre maximal d'heures possibles, mais rien n'empêche un établissement de proposer moins, par exemple une heure seulement en 4e et 3e, puisqu'on resterait en deçà de la limite à ne pas dépasser. Il sera en tout cas possible, dans ce cadre, d'étudier véritablement les langues latine et grecque. Toutefois, outre la question de l'horaire plafond, cet enseignement de complément ne ressemblera que de très loin aux anciennes options, pour deux raisons :
Comme on le voit, cette marge n'est pas élastique : il faudra donc choisir localement, dans chaque établissement, entre mettre en place l'enseignement de complément, ou faire de plus petits groupes en AP, des groupes de TP en sciences, et de la co-animation. Et de nouvelles inégalités verront sans doute aussi le jour, en fonction de la taille de l'établissement. Dès lors, si l'on mutualise l'enveloppe donnée en l'envisageant non par classe mais par niveau, il devient possible, dans un gros établissement, de "ventiler" le prélèvement de l'horaire d'enseignement de complément sur plus de classes, et donc d'en diminuer le "poids" en répartissant la charge sans trop hypothéquer la capacité à mettre en place des petits groupes et de la co-animation. Pour bien comprendre, prenons un exemple concret :
Par conséquent, un gros établissement de centre ville pourra plus facilement se permettre de proposer cet enseignement qu'un petit établissement de campagne, aggravant ainsi les inégalités territoriales. En dernière analyse, loin de permettre "le Latin et le Grec pour tous" en gommant les inégalités, cette réforme qui accentue les différences entre les établissements va amplifier les inégalités territoriales, et accroître encore la tentation pour les parents pouvant se le permettre de retirer leurs enfants du collège de secteur pour les scolariser ailleurs, où ces options auront été maintenues : résultat très exactement inverse de celui officiellement poursuivi par cette réforme. Page mise à jour le 8 novembre 2015. |
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